Petite musique pour amoureux Lawrence Durrel
Ecrit à 20 ans, le premier roman de Lawrence Durrell annonce déjà ce que sera plus tard comme l'une des plumes importantes du siècle.
L'enfant naquit aux premiers jours de la mousson." C'est ainsi que débute Petite Musique pour amoureux, le premier roman, inédit en France, qu'écrivit Lawrence Durrell à l'âge de 20 ans et qu'il publia à Londres en 1935. Un premier roman largement autobiographique, qu'il refusa de rééditer de son vivant. "Cela dit, l'auteur est-il bon juge de lui-même ?", s'interroge Michel Déon dans la préface de l'ouvrage, considèrant ces pages superbement traduites comme "d'un intérêt majeur".
Walsh Clifton, "l'enfant", naquit donc aux premiers jours de la mousson. Auprès de lui, John, son père, un jeune veuf au regard pathétique. Au terme d'une longue traversée de l'Inde, les voici, tous deux aux confins du Népal et du Bhoutan. Tandis que John, ingénieur sur un chemin de fer de montagne, s'échine au travail, Walsh s'éduque seul, au milieu de la nature, jusqu'à ce que sa tante Brenda reprenne en main l'éducation de l'enfant sauvage, plus subjugué par les papillons que par les chiffres. A 14 ans, Walsh est envoyé dans la pluvieuse, "sotte et bigote" Angleterre. Direction le collège et la pension, une "expérience atroce", à laquelle l'adolescent se pliera à sa manière, "incapable de faire ce qui ne l'intéresse pas". Après deux ou trois premiers émois amoureux et années de bohème à Londres s'achève ce roman, qui, malgré quelques longueurs et maladresses de jeunesse, éclaire à merveille le destin du futur diplomate, qui se qualifiait déjà de "joyeux nihiliste".