L'italienne à Alger
Les ensembles français ont la cote à Salzbourg : après Les Arts florissants pour Le Couronnement de Poppée, c'est ce soir Matheus qui officie dans la fosse. L'orchestre montre davantage de cohésion qu'on lui en a parfois connu, dirigé d'une main ferme par Jean-Christophe Spinosi, avec ce qu'il faut d'animation et de précision dans l'étourdissante mécanique des finales.
Adieu l'exotique poésie de la turquerie, sacrifiée sur l'autel d'une trivialité ringarde. Patrice Caurier et Moshe Leiser situent certes l'action à Alger, mais aujourd'hui, devant un immeuble hérissé de paraboles, puis dans le salon miteux de Mustafa, où trône une photo de Zinédine Zidane. Le bey est devenu un petit mafieux, régnant sur une bande de racailles en survêt' qui font du trafic d'écrans plats. On découvrira plus tard qu'il ne retient pas en otages des esclaves italiens, mais... les footballeurs de la Squadra azzurra.
Tadeo porte un slip à l'effigie de Superman, Lindoro des dreadlocks (évidemment il fume un joint), Isabella balance sa petite culotte à la figure de Mustafa qui s'enivre de ses effluves, etc., etc. Si les gags se succèdent à un rythme épousant celui de la musique et de l'intrigue, le moins que l'on puisse dire, c'est que le trait n'est pas d'une excessive finesse. Bien sûr, on n'échappe pas à la référence au cinéma italien des années 1960, tarte à la crème du théâtre rossinien contemporain : et revoilà Anita Ekberg dans sa fontaine. Rien de neuf sous le soleil, donc.