La crucifixion

Obsédé par le Piss Christ de l'artiste américain Andres Serrano – l'image étonnamment belle d'un crucifix plongé dans l'urine qui fait scandale depuis plus d'un quart de siècle –, le réalisateur s'est intéressé aux multiples représentations de la crucifixion. Comment ce supplice infamant a-t-il pu devenir le symbole de la chrétienté ?
Quelle est l'approche des artistes contemporains qui interrogent ou malmènent cette icône, s'attirant les foudres des mouvements intégristes et de certains fidèles ? De New York à Avignon où le Piss Christ a été vandalisé en 2011, de Rome à Issenheim, ce film nous entraîne dans une fascinante quête qui tente de démêler les relations passionnelles entre religion et art.
Marquer les esprits
Les œuvres défilent, caressées amoureusement par la caméra : les premières représentations du Christ en croix, étonnamment tardives, survenues près de quatre siècles après sa mort, d'une saisissante beauté ; le Christ nu de Michel-Ange qui, aujourd'hui encore, suscite des réactions outrées ; des toiles signées Basquiat ou Bacon ; le travail dérangeant du plasticien autrichien Hermann Nitsch qui met en scène de sanguinolentes crucifixions. Celui-ci ne cherche pas à blasphémer mais plutôt à marquer les esprits et à rendre à la guerre son effarante crudité. Le film lui donne la parole ainsi qu'à de nombreux autres artistes contemporains dont le fameux Andres Serrano. Monseigneur di Falco, évêque de Gap, explique pourquoi il a choisi d'exposer durant la semaine sainte la sculpture de Paul Fryer représentant le Christ sur une chaise électrique. Interviewés tout au long du film, des historiens de l'art décryptent ces œuvres et les replacent dans leur contexte. Enfin, des images d'archives reviennent sur les polémiques entourant ce symbole à la fois vénéré, démythifié et accommodé de toutes les manières, au point qu'aujourd'hui il échappe en partie au monde judéo-chrétien.