Daoud Kamel
Il est le fils d'un gendarme, seul enfant ayant fait des études2. Après des études de mathématiques, il étudie la littérature à l'Université. Il est divorcé et a deux enfants2. S'il écrit en français et non en arabe, c'est, dit-il, parce que « la langue arabe est piégée par le sacré, par les idéologies dominantes. On a fétichisé, politisé, idéologisé cette langue3. » En 1994, il entre au Quotidien d'Oran, journal francophone. Il y publie sa première chronique trois ans plus tard2, titrée Raina raikoum (« Notre opinion, votre opinion »)'4. Il est pendant huit ans le rédacteur en chef du journal1. D'après lui, il a obtenu, au sein de ce journal « conservateur », une liberté d'être « caustique »5, notamment envers Abdelaziz Bouteflika même si parfois, en raison de l'autocensure, il doit publier ses articles sur Facebook2. Il est aussi éditorialiste au journal électronique Algérie-focus. Ses articles sont également publiés dans Slate Afrique. Le 12 février 2011, dans une manifestation dans le cadre du printemps arabe, il est brièvement arrêté6. En 2011, son recueil de nouvelles Minotaure 504 est sélectionné pour le Prix Goncourt de la nouvelle, et pour le Prix Wepler-Fondation La Poste7 qui échoit finalement à Éric Laurrent. En octobre 2013 sort son roman Meursault, contre-enquête, qui s'inspire de L'Étranger d'Albert Camus : le narrateur est en effet le frère de « l'Arabe » tué par Meursault8. Le roman évoque les désillusions que la politisation de l'islam a entrainées pour les Algériens9. En Algérie, le livre est l'objet d'un malentendu : « Sans l'avoir lu, de nombreuses personnes ont pensé que c'était une attaque de L’Étranger, mais moi je n'étais pas dans cet esprit-là. Je ne suis pas un ancien moudjahid. [...] Je me suis emparé de L’Étranger parce que Camus est un homme qui interroge le monde. J'ai voulu m'inscrire dans cette continuation. [...] J'ai surtout voulu rendre un puissant hommage à La Chute, tant j'aime ce livre3. » L'ouvrage obtient en 2014 le Prix François-Mauriac et le Prix des cinq continents de la Francophonie. Il est présent dans la dernière sélection du prix Goncourt 201410, et est à une voix de le remporter (4 votes contre 511 pour Lydie Salvayre, qui l'obtient donc finalement12.) Le 3 décembre 2014 dans l'émission de Laurent Ruquier On n'est pas couché sur France 2, il déclare à propos de son rapport à l'islam : « Je persiste à le croire : si on ne tranche pas dans le monde dit arabe la question de Dieu, on ne va pas réhabiliter l'homme, on ne va pas avancer, a-t-il dit. La question religieuse devient vitale dans le monde arabe. Il faut qu'on la tranche, il faut qu'on la réfléchisse pour pouvoir avancer. ». Quelques jours plus tard, cela lui vaut d'être frappé d'une fatwa par Abdelfattah Hamadache Zeraoui, un imam salafiste, qui a appelé le 16 décembre sur Facebook à son exécution écrivant que « si la charia islamique était appliquée en Algérie, la sanction serait la mort pour apostasie et hérésie ». Il précise « Il a mis le Coran en doute ainsi que l'islam sacré ; il a blessé les musulmans dans leur dignité et a fait des louanges à l'Occident et aux sionistes. Il s'est attaqué à la langue arabe [...]. Nous appelons le régime algérien à le condamner à mort publiquement, à cause de sa guerre contre Dieu, son Prophète, son livre, les musulmans et leurs pays. »13. Il réitère par la suite ses menaces sur les chaînes de télé et les sites d’information des extensions TV des quotidiens arabophones réputés populistes Ennahar et Echourouk14,15.