Durell Lawrence
Né à Jalandhar (dans la région de Pendjab) d'un père ingénieur en génie civil anglais, Lawrence Samuel Durrell, et d'une mère irlandaise protestante, Louisa Florence Dixie, eux-mêmes nés dans l'Empire des Indes. Envoyé au Royaume-Uni à l'âge de 11 ans pour faire son éducation, il subit la vie britannique qu'il considère comme une corvée, et finit par refuser de passer ses examens à l'université. Il veut être écrivain et publie son premier roman, Pied Piper of Lovers en 1935, et un deuxième, Panic Spring, en 1937, cette fois sous le pseudonyme de Charles Norden. 1935 fut pour lui une année décisive. Il persuada sa mère, sa famille et sa femme Nancy Myers (1912-1983) d'aller s'installer sur l'île grecque de Corfou, afin d'y vivre plus simplement et d'échapper à la rigueur du climat britannique. Ce fut également cette année qu'il décida d'écrire à Henry Miller après avoir lu son Tropique du Cancer (1934). Cette première lettre fut le début d'une amitié qui allait durer 45 ans. Après six ans passés à Corfou et Athènes, Durrell et sa femme furent forcés de fuir la Grèce en 1941 du fait de l'avancée de l'armée allemande. Ils s'installèrent sur l'autre rive de la Méditerranée, avec leur fille Penelope Berengaria, née en 1940. En 1942, séparé de sa femme, Durrell déménagea à Alexandrie, et devint attaché de presse pour le British Information Office, poste qui lui servit de « couverture » pour s'inspirer de la vie égyptienne durant la Seconde Guerre mondiale et gagner sa vie. C'est dans cette ville qu'il rencontra Eve Cohen (décédée en 2004), une juive d'Alexandrie qui devait devenir son modèle pour Justine, premier tome de Le Quatuor d'Alexandrie, également appelé Livre des Morts (Book of the Dead). Durrell l'épousa en 1947, après avoir divorcé de Nancy Myers. Ils eurent une fille, Sappho Jane, en 1951. En 1945, il put retrouver la Grèce. De mai 1945 au 10 avril 1947, il passa deux ans à Rhodes comme directeur des relations publiques pour les Iles du Dodécanèse. Puis il quitte Rhodes pour l'Argentine, où il occupa le poste de directeur du British Institute à Cordoba en 1947 et 1948. Il revient en Europe en 1949, période pendant laquelle il fut attaché de presse à Belgrade, en Yougoslavie (jusqu'en 1952). Il en tira la chronique diplomatique douce-amère Wild Eagles Over Serbia, publiée en 1957. Durrell retrouva le monde grec qu'il aimait tant en 1952. Il acheta une maison à Chypre, espérant pouvoir y trouver la sérénité nécessaire à l'écriture. Il y enseigna la langue et la littérature anglaises. Mais la tranquillité de Chypre fut brutalement rompue par les combats entre les Chypriotes grecs, qui souhaitaient le rattachement au continent, les Britanniques, qui espéraient faire de Chypre une colonie, et les Chypriotes turcs, qui souhaitaient l'indépendance de l'île. Durrell, qui avait pris le poste d'officier chargé des relations publiques de la Couronne britannique à Nicosie, a raconté ses impressions relatives à cette période troublée dans Bitter Lemons (1957 - trad. Citrons acides; sur la Chypre d'après 1974, et la tragédie des disparus - Histoire de Chypre - il faut lire aussi Le Château du silence, roman d'Olivier Delorme, écrivain français admirateur déclaré de Durrell). À Chypre, Durrell commença à travailler sur ce qui allait devenir Le Quatuor d'Alexandrie. Après son départ forcé (encore un) de l'île en proie à la guerre, Durrell s'installa à Sommières, dans le sud de la France (entre Montpellier et Nîmes). Durrell se remaria deux fois encore. La mort en 1967 des suites d'un cancer de sa troisième femme, Claude-Marie Vincendon, épousée en 1961, le ravagea. Son quatrième et dernier mariage, avec Ghislaine de Boysson (1927-2003), célébré en 1973, prit fin en 1978. Il fut également très affecté par le suicide de sa fille Sappho Jane en 1985. Lawrence Durrell est mort à Sommières le 7 novembre 1990, emporté par une attaque cardiaque qui a mis fin à un long combat contre l'emphysème. Il est le frère de Gerald Durrell, zoologiste et naturaliste (1925-1995). Dans la maison qui fut la sienne pendant les derniers ans de sa vie, l'idée avait été suggérée qu'à son décès un petit institut vienne la remplacer, sous condition de subventionnement pour l'étude de travaux littéraires, cette suggestion n'a été suivie d'aucun effet, la maison ayant été finalement vendue en 1998, dans un anonymat curieux mais semblable à celui qu'avait su maintenir l'écrivain autour de sa personne.