Bergounioux Pierre
Pierre Bergounioux naît à Brive-La-Gaillarde en 1949 d’un père natif du Limousin et d’une mère originaire du Quercy. Cette origine est structurante dans la génèse de son œuvre: lumière méridionale du Causse quercinois en opposition au «versant nord» de la froidure du plateau de Millevaches.
En 1966 il quitte sa Corrèze natale et passe son bac à Limoges. Il prépare l’Ecole normale supérieure à Bordeaux et y entre à Saint-Cloud. Il passe l’agrégation et un doctorat de lettres. Il lit énormément, dévore Faulkner, Kafka, Proust, Homère, Cingria...
Dès 1968 il «fricote» pendant deux ans avec l’extrême gauche maoïste puis entre au Parti communiste en 1970, enseigne le français dans plusieurs lycées de la banlieue parisienne.
En 1983, au sortir d’une grave maladie, il commence à écrire et envoie son premier manuscrit à Gallimard. Pascal Quignard, du comité de lecture, lui retourne un contrat, en demandant simplement d’ôter deux adjectifs qu’il juge superfétatoires. Catherine, son premier roman, sort l’année suivante.
En 1985, il quitte le Parti communiste.
Au rythme d’un livre par an, il poursuit son œuvre chez différents éditeurs : Gallimard, Verdier, William Blake, Circé, Fata Morgana.
Tout violon-d’Ingres devient chez lui source de littérature: ainsi l’enthomologie, la pêche et la sculpture à partir de vieux métaux récupérés dans les casses, toutes activités en cohérence avec les grandes thématiques développées dans son œuvre: la perte, la mémoire, l’appartenance de l’être humain à des communautés concentriques qui se défont au cours d’une vie et créent une irrémédiable nostalgie, ainsi par exemple le monde rural, l’enfance sous le Trente Glorieuses, les années soixante-huit et leur tomb(er)eau de rêves inaboutis.
Qui a pu écouter la voix de Pierre Bergounioux (entretiens sur France-culture notament) aura été frappé d’entendre quelqu’un parler comme il écrit, avec une langue structurée par un classicisme dixuitièmiste qu’il faut pourtant qualifier de «non-ringard», où la préciosité cède à la précision.
Bergounioux n'est pas un inventeur de fictions mais davantage un penseur de sa propre vie. L'expérience vécue ne lui appartient finalement pas mais est le produit d'une histoire (familiale, sociale, géo-climatique, etc.) qui l'englobe largement. Écrire c'est d'abord se souvenir, ensuite passer le souvenir au peigne de la langue, ensuite encore, grâce à celle-ci, amener le souvenir dans un contexte qui l'éclaire, l'explique et lui donne un sens, processus au terme duquel l'écrivain se rend compte qu'il n'est qu'un porte-parole des siens, des différents groupes sociaux auquels il appartient tour à tour.(http://www.ombres-blanches.fr/dossiers-bibliographiques/portraits-litteraires/b/pierre-bergounioux/la-biographie-au-pied-de-la-lettre.html)