Irving John
John Irving naît le 2 mars 1942 en Nouvelle Angleterre. Il vit chez sa grand-mère à Exeter, dans le New Hampshire, jusqu'à l'âge de 7 ans où il emménage chez son beau-père. Il n'a en effet pas connu son père (comme Garp, comme Homer Wells…) et lorsqu'il parle de "son père" dans ses mémoires, il s'agit du mari de sa mère, qui enseignait l'histoire russe dans une école privée à Exeter. C'est là qu'Irving fera ses études secondaires; il précisera plus tard à ce sujet: «Dire que j'avais du mal à suivre relèverait de la litote». John Irving souffrait de dyslexie et donc d'une très mauvaise orthographe. Passionné de lutte, il choisit son université surtout en fonction de son équipe et de son entraîneur dans ce sport. Il fait des études médiocres (il passait beaucoup trop de temps à lire) mais il est cependant admis à suivre un cours de "création littéraire". En 1963, il a 21 ans et obtient une bourse d'étude pour aller passer un an à Vienne. Très marqué par ce séjour, c'est dans cette ville qu'il puisera la matière de son premier roman, Liberté pour les Ours. Il y fréquente les bars à prostituées, ce qui vaudra de magnifiques passages dans Le monde selon Garp et Hôtel New Hampshire. Il séjourne également à Londres et en Grèce. C'est aussi en 1963, juste avant de partir pour Vienne, qu'il rencontre Shyla Leary, qu'il épousera un an plus tard. Il vivront ensemble une bonne quinzaine d'années et auront deux enfants, Colin (1965) et Brendam (1969) qui deviendront… des champions de lutte. C'est la naissance de Colin, en mars 1965, qui évite à John Irving de partir au Vietnam - mais ne l'empêchera pas de continuer son sport préféré, la lutte. Mais, ajoute-t-il: " …ma condition d'homme marié, de père, et mon retour à la lutte me tinrent à l'écart des deux expériences les plus séduisantes qui aient marqué les années soixante: le sexe et la drogue.". On ne s'étonnera donc pas de trouver peu de sexe et peu de drogue dans la plupart de ses romans: le Docteur Larch, dans L'œuvre de Dieu, la part du Diable, ne fait l'amour qu'une seule fois dans sa vie (avec une prostituée que lui offre son père) et ne connaît qu'une seule drogue: l'éther. Jusqu'à la parution de Le Monde selon Garp, il ne parvient pas à vivre de ses revenus d'écrivains. Mais après l'immense succès de ce roman, il ne se consacre pratiquement plus qu'à l'écriture. John Irving est un laborieux. Il travaille tous les jours, écrivant et réécrivant sans cesse en essayant d'améliorer chaque ligne, cherchant toujours le mot juste et le style qui convient. John Irving pose souvent le problème du lien entre la réalité et la fiction dans la création littéraire. Dans Le Monde selon Garp, les deux personnages principaux, Garp et sa mère, deviennent écrivains. John Irving a donc l'occasion de décrire précisément le processus de création littéraire. Mais c'est surtout dans Une veuve de papier, où pratiquement tous les personnages sont écrivains, que John Irving dissèque ce processus d'écriture d'une histoire. Harry, un des rares personnages du livre qui n'est pas écrivain (il est policier et physiquement, ressemble à John Irving...), mais qui est un grand lecteur, définit ainsi ses goûts littéraires: «Les romanciers qui avaient sa faveur (…) étaient des conteurs, qui narraient des histoires intéressantes, avec des personnages crédibles. Les romans qu'il aimait avaient des intrigues complexes, qui mettaient en scène des gens authentiques.» Et Ruth, l'héroïne du roman, fait dire à l'un de ses personnages: «Tout romancier digne de ce nom doit être capable d'inventer un personnage plus intéressant qu'une personne réelle.» John Irving se résume ainsi: «D'abord, il faut imaginer une bonne histoire; ensuite, trouver les détails qui font vrai. Il est plus facile pour cela que certains détails soient effectivement vrais. Si l'on a tendance à surestimer l'expérience, il est vrai que l'observation demeure irremplaçable.» Enfin, n'oublions pas une constante de tous les romans de John Irving: un humour réjouissant, dans les situations, dans les personnages, dans les dialogues, dans le style d'écriture. Raymond Fleurat-Lessard http://rfl.ifrance.com/irving.html